Un projet initié par Jessy Mansuy, directrice générale de Mennour,
et curaté par Christian Alandete, directeur scientifique de Mennour
"L’heure bleue est ce moment suspendu, subtil et furtif, où le jour bascule dans la nuit. Un intervalle entre l’ombre et la lumière qui n’appartient ni à l’aube ni au crépuscule, mais qui s’étire comme une respiration, un territoire où les contours deviennent flous et où l’intuition prend le pas sur la certitude. C’est un état intermédiaire entre le rêve et la réalité, la violence et la douceur. C’est une invitation à la contemplation, à explorer l’ambiguïté, à voir au-delà des apparences, à reconnaître dans le fragile et le transitoire une source fertile de création".
Cette seconde édition de Mennour Emergence réunit six artistes récemment diplômé·e·s de l’École des Arts Décoratifs – PSL, de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy. Iels ont été invité·e·s à produire des œuvres inédites, présentées ici pour la première fois ; pour certaines dans la continuité de celles réalisées pour leurs diplômes, pour d’autres empruntant déjà de nouvelles directions. Face aux enjeux contemporains, qu’ils soient écologiques ou plus largement sociétaux, et l’équilibre toujours plus fragile du monde que nous habitons, ces artistes nous invitent à déconstruire nos modes de pensée et à revoir nos certitudes.
Ruoxi Jin est née en Chine, elle vit en France. Naviguant entre ces deux territoires, elle s’est inventé une famille de substitution qui l’accompagne — entre le réel et la fiction — dans ses différentes vies.
Zoé Bernardi a trouvé auprès de ses « divas », une communauté dont l’histoire s’inscrit dans une longue tradition mais qui risque de disparaitre au moment où la fluidité du genre s’incarne différemment. Elle tente alors de saisir ces instants de jeux et de partage, d’acceptation de soi et de reconnaissance des autres.
Les peintures abstraites de Matias Agafonovas sont le résultat d’une rencontre hasardeuse mais subtilement maitrisée entre des lignes et des formes géométriques, parfois maladroites, mais qui font vibrer une composition réhaussée de dessins sur papier.
Amine Habki déconstruit la manière dont la masculinité s’impose dans nos sociétés, en proposant de nouvelles incarnations dans ses tableaux de laine brodés, au croisement des primitifs italiens et de la poésie arabe.
Les installations photographiques de Nicolas Lebeau se situent aux limites du visible et de l’identifiable. Détournant des images prises sur les réseaux sociaux, imprimées sur des machines trafiquées, dans un geste de rébellion possible, il nous invite à repenser notre fascination pour les images et notre croyance aveugle en leur authenticité.
Enfin, Clémence Gbonon navigue entre figuration et abstraction, procédant par couches successives, elle nous plonge dans des espaces incertains, où apparaissent des éléments qu’on identifie à des fragments de corps ou des objets d’intérieurs sans qu’on sache si l’image se dissout dans le décor ou au contraire se révèle.